Ne plus offrir aux individus la possibilité de travailler – nous regrettons, il n’y a rien pour vous… -, ne plus donner aux journalistes et aux écrivains la possibilité de s’exprimer – toutes les entreprises sont des entreprises d’État -, restreindre la libre circulation des personnes et apeurer les gens, pourrir leurs relations en semant entre les uns et les autres le doute, contrôler et diriger la presse et l’édition, brûler les livres, interner les « suspects » dans des cliniques et des hôpitaux psychiatriques, rendre fou, emprisonner et déporter, anéantir, abolir enfin les droits de l’homme, telle est la fin contre laquelle viendront buter tous les régimes totalitaires. C’est devant ce danger de mort qu’un choeur venu de la conscience, un cri né de la volonté de survivre et de se libérer s’élève. Cris et chants de la Résistance. On comprendra qu’ils soient, à l’époque, clandestins ou voilés.
Pierre Seghers, La Résistance et ses poètes