Au XIXe siècle, la société bourgeoise, avec ses institutions hygiéniques et sociales, privées et publiques, a produit un effet secondaire qui était peut-être inconsciemment son but principal : permettre aux hommes de ne plus assister à la mort de leurs semblables. La mort, qui jadis représentait dans la vie de l’individu un acte public d’une valeur hautement exemplaire est de plus en plus soustraite à l’attention des vivants.
Walter Benjamin, Le conteur
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Création
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A L’HEURE DE LA MORT
15 avril 2020 -
CHIMIE DE L’ECRITURE
15 novembre 2019A côté du soulagement libérateur qui est le propre de celui qui est de retour et raconte, j’éprouvais maintenant dans l’écriture un plaisir complexe, intense et nouveau, semblable à celui que j’avais éprouvé, étudiant, en pénétrant dans l’ordre solennel du calcul différentiel. Il était exaltant de recherche et de trouver, ou de créer, le mot juste, c’est-à-dire mesuré exactement, bref et fort ; de tirer les choses du souvenir et des les décrire avec le maximum de rigueur et le minimum d’encombrement.
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MARCHANDISES DE CHINE
25 juin 2018La force d’une route de campagne est différente selon qu’on la parcourt à pied ou qu’on la survole en aéroplane. La force d’un texte est également différente selon qu’on le lit ou qu’on le copie.
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POINT DE GRAISSAGE
25 juin 2018Dans le gigantesque appareil qu’est la vie sociale, les opinions sont comme l’huile dans les machines. On n’en inonde pas une turbine, on en injecte juste un peu dans des rouages cachés qu’il faut connaître.
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L’ART DE L’OISIVETÉ
2 novembre 2017Si l’industrie et la science n’ont plus besoin d’employer des êtres dotés d’une personnalité, eh bien, soit, qu’elles n’en emploient pas. Mais il en va différemment pour nous autres artistes. Par le terme d’ « artiste », j’entends tous ceux qui éprouvent le besoin et la nécessité de se sentir vivre et grandir, de savoir où ils puisent leurs forces et de se construire à partir de là suivant des lois qui leur sont propres... Lire la suite
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LE CONSEILLER DE L’ENFANCE
2 mai 2017Le conte, qui aujourd’hui encore, reste le premier conseiller de l’enfance, parce qu’il fut jadis le premier conseiller de l’humanité, se perpétue secrètement dans l’art du récit. Le premier véritable récit est et demeure le conte. Quand on ne savait plus vers qui se tourner, le conte portait conseil, et quand la détresse était à son comble, il offrait le secours le plus prompt. Cette détresse était celle du mythe. Le conte nous renseigne sur les premières mesures prises par l’humanité pour dissiper le cauchemar que le mythe faisait peser sur elle.
Walter Benjamin, Le conteur. Lire la suite
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POSTCARD CHAT
1er janvier 2017Il y a ce dicton en français : « Je peux lire en elle/lui comme dans un livre ouvert. » N’est-ce pas une manière très jolie d’exprimer ce désir que nous avons d’accéder à ce qui est à l’intérieur. A l’intérieur de ce que nous regardons et de son mystère.
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INCERTAIN MANIFESTE
2 mars 2016Isidore Ducasse écrivait : « Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l’idée juste. » Merveilleuse clairvoyance. Walter Benjamin n’en dit pas moins : « Les citations dans mon travail sont comme des brigands sur la route, qui surgissent tout armées et dépouillent le flâneur de sa conviction. » C’est avec les yeux des autres que nous voyons le mieux. Combien de Christ et de Vierges ont été recopiés et plagiés pour mieux dire la douleur et la pitié ?
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CANDITATURE
2 mars 2016En vérité, il est autant inspiré par la poésie romantique que par la psychanalyse, l’Histoire, les utopies sociales, la philosophie – et rêve d’associer Platon, Spinoza et Nietzsche. Il cherche surtout à concilier l’inconciliable : la tradition juive, le communisme – dont il définit les buts comme un « non-sens » - avec les idéaux anarchistes, qu’il trouve néanmoins dénués de valeur.
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LE ROMAN EST UN FEU DE BOIS
6 janvier 2016Rien ne ressemble plus à un roman qu’un feu de bûches. Toute cette construction minutieuse, morceau par morceau, l’un soutenant l’autre dans un parfait équilibre, à quoi donc est-elle destinée ? A être détruite. Ainsi le roman. Tous les héros d’un roman se tiennent aussi l’un sur l’autre, dans un parfait équilibre et le véritable but de roman c’est de les détruire.