La réussite a été le destin de Picasso et elle l’a rendu caractéristique de notre époque comme Van Gogh l’avait été de la sienne.
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John Berger
Articles
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LA RÉUSSITE OU L’ÉCHEC DE PICASSO
26 avril 2015 -
UNE LETTRE POUR ROSA LUXEMBURG
22 juillet 2018Rosa ! Je te connais depuis que je suis gamin. Et maintenant, je suis deux fois plus âgé que tu l’étais quand ils t’ont battue à mort en janvier 1919, quelques semaines après que toi et Karl Liebnkecht avez fondé le Parti Communiste Allemand.
Etre un être humain, tu dis, est la chose la plus élevée de toutes. Et cela veut dire être ferme et clair et joyeux, oui, joyeux envers et contre tout, parce que se plaindre est affaire de faible. Etre un être humain veut dire secouer joyeusement sa vie entière dans la gigantesque échelle du destin s’il le faut, et en même tant se réjouir dans la clarté de chaque jour et la beauté de chaque nuage.
J’ai été, je suis, je serai, tu as dit. Ta vie est un exemple pour nous, Rosa.
John Berger, 2015. Lire le texte complet
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VOIR LE VOIR
7 juillet 2015Un peuple ou une classe, coupés de leur passé, sont bien moins libres de choisir et d’agir en tant que peuple, ou classe, que d’autres qui ont eu la possibilité de se situer dans l’histoire.
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L’EXIL
25 juin 2018Si on ne saisit pas ce que le foyer a signifié à l’origine, on ne comprendra jamais pleinement le sens de l’émigration. L’émigration n’est pas uniquement le fait de quitter un pays, de traverser l’eau, de vivre parmi des étrangers, c’est aussi défaire le sens du monde.
A l’origine, le foyer représente le centre du monde, au sens existentiel... Sans un foyer au centre du réel, on ne sait pas où se réfugier, on est perdu dans le non-être et dans l’irréalité. Le foyer, c’est là où la ligne verticale croise l’horizontale. La ligne verticale monte au ciel et descend au pays des morts, sous la terre. La ligne horizontale représente la circulation terrestre, toutes les routes qui mènent à travers la terre à d’autres lieux... Le croisement des deux lignes, le réconfort promis par leur intersection sont des idées qui existaient probablement à l’état embryonnaire dans la pensée et dans les croyances des peuples nomades, mais ils emportaient avec eux la ligne verticale, tout comme les montants de leurs tentes. (…)
Après avoir quitté son foyer, l’émigrant ne trouvera plus jamais de nouvel endroit où se croisent les deux lignes de vie. La ligne verticale n’existe plus. Il n’y a plus de continuité entre lui et les morts ; maintenant les morts disparaissent tout simplement. Les dieux sont devenus inaccessibles. La ligne verticale s’est confondue avec le cercle du vécu individuel qui ne mène nulle part ailleurs qu’en soi-même.
John Berger, L’exil, 1985
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CONTRE L’IMMENSE DÉROUTE DU MONDE
16 novembre 2019Le premier pas dans l’édification d’un monde autre doit nécessairement être le refus de la vision du monde que l’on grave dans notre esprit et de toutes les vaines promesses utilisées partout pour justifier et idéaliser cette délinquance que représente le besoin insatiable de vendre. Un autre espace est un besoin vital.
D’abord il faut découvrir un horizon. Et pour cela, il nous faut retrouver l’espoir à l’encontre de ce que le nouvel ordre accomplit en prétendant faire l’inverse.
John Berger, La forme d’une poche, lire la suite
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DÜRER, PORTRAIT DE L’ARTISTE
6 avril 2016Plus de cinq cents ans nous séparent de la naissance d’Albrecht Dürer (à Nuremberg, le 21 mai 1471). Cette période d’un demi-millénaire peut sembler longue ou courte, selon la perspective ou l’état d’esprit de celui qui en parle. Lorsqu’elle paraît courte, il semble possible de mieux comprendre Dürer, d’avoir un entretien imaginaire avec lui. Si cette période semble longue, alors le monde dans lequel il vivait et la conscience de ce monde paraissent si loin qu’aucun dialogue n’est plus possible.
Dürer a (...) -
PARADE, L’ART ET LA POLITIQUE
12 avril 2018Le problème qui s’est posé là, au théâtre du Châtelet en 1917, est un des problèmes récurrents de l’art de notre temps. Nous sommes placés quotidiennement devant des questions qui mettent en jeu la vie de millions de personnes. La plupart d’entre nous évitent d’y penser sauf en cas de crise ou de guerre. Mais il y a chez les artistes, qui possèdent une imagination moins facile à brider que d’autres, des hommes qu’obsède le problème de savoir comment ils peuvent, à telle époque, justifier ce qu’ils font.
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POSTCARD CHAT
1er janvier 2017Il y a ce dicton en français : « Je peux lire en elle/lui comme dans un livre ouvert. » N’est-ce pas une manière très jolie d’exprimer ce désir que nous avons d’accéder à ce qui est à l’intérieur. A l’intérieur de ce que nous regardons et de son mystère.
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UN PEINTRE DE NOTRE TEMPS
16 novembre 2019Si nous nions nos capacités, si nous en doutons, si nous nous les cachons ou si nous les exagérons, si nous les déguisons, bref si nous ne les acceptons pas, nous devenons des demi-hommes, sophistiqués, cyniques, des opportunistes. De tels sous-hommes abondent dans cette société, car c’est une société incapable de reconnaître ou d’utiliser les capacités de la grande majorité de ses citoyens. La reconnaissance des capacités de chacun devrait être un phénomène social externe ; c’est devenu une affaire personnelle et introspective.
John Berger, Un peintre de notre temps
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LA CRISE DU SUJET
4 janvier 2019L’art est-il devenu abstrait parce que l’artiste est gêné par sa liberté ? Pouvant peindre n’importe quoi, serait-il devenu incapable de savoir quoi peindre ? Ses défenseurs parlent souvent de l’art abstrait comme d’un art de la liberté totale. Mais ne s’agirait-il pas de la liberté de l’île déserte ?