Dans Crack capitalism, John Holloway article sa théorie autour d’une notion empruntée à Marx, et revisitée, la double nature du travail, ou plutôt il « désarticule » les relations de l’homme avec le travail, en montrant comment la valeur positive et la valeur négative sont imbriquées dans cette notion et comment elles peuvent être dissociées.
Nous avons réellement besoin de deux mots différents pour les deux formes du faire. En anglais, le mot labour indique un faire qui est (...)
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John Holloway
Articles
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LA DOUBLE NATURE DU TRAVAIL
10 avril 2016 -
DERRIERE LES MASQUES
3 mars 2016Derrière (ou dans-contre-et-au-delà) la personnification du travail abstrait se trouve celui qui fait, celui qui ose danser. Sous la surface de la domination, il y a le bouillonnement de la rébellion. Pousser contre et au-delà de l’identité, c’est mettre en œuvre l’agitation inépuisable de l’anti-identité. A l’intérieur du « sauvage » transformé en travailleur dans le sauvage en rébellion.
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CLOTURE DES COMMUNS
10 avril 2016La clôture des terres communales, l’abolition des droits traditionnels de chasser, de pêcher et de ramasser du bois, la série de lois contre le vagabondage, la loi sur les pauvres et la création des workhouses, l’écrasement par les armes d’une révolte après l’autre : voilà les étapes qui créèrent une société fondée sur le travail, ce fut la réalité de l’abstraction impliquée par la création du travail abstrait. La clôture de la terre fut aussi un enfermement des corps dans les fabriques, la création d’une prison du travail.
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POUR UN MONDE DIGNE DE L’HUMANITÉ
1er janvier 2016Durant la plus grande partie du siècle dernier, les efforts pour créer un monde digne de l’humanité ont été centrés sur l’État et l’idée de conquérir le pouvoir étatique. Les principales polémiques (entre réformistes et révolutionnaires) portaient sur les moyens de conquérir le pouvoir étatique, par la voie parlementaire ou par la voie extraparlementaire. L’histoire du XXe siècle porte à penser que la question des moyens de conquête du pouvoir étatique n’était pas si cruciale. Quelle qu’en soit la forme, la conquête du pouvoir étatique n’a pas permis de réaliser les changements que les protagonistes espéraient. Ni les gouvernements réformistes ni les gouvernements révolutionnaires n’ont réussi à changer le monde de façon radicale.
Il est facile d’accuser les dirigeants de tous ces mouvements de les avoir trahis. Le fait qu’il y ait eu tant de trahisons suggère pourtant que l’échec des gouvernements radicaux, socialistes ou communistes a des racines plus profondes. (…) L’existence même de l’État en tant qu’instance séparée de la société signifie que, au-delà du contenu de sa politique, il participe activement au processus qui sépare les gens du contrôle de leur propre vie. Le capitalisme n’est rien d’autre que cela : la séparation des gens de leur propre action.
Nous voyons alors pourquoi l’idée que l’on peut se servir de l’État pour changer le monde était une illusion. Nous avons la chance de vivre la fin de cette illusion.
John Holloway, Douze thèses sur l’anti-pouvoir, 2003
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CRISE DU TRAVAIL
12 avril 2016Pour le capital, la chose qui importe est de sceller à nouveau le caractère unitaire du travail, de montrer qu’il n’y a pas d’alternative à la production de valeur, pas d’alternative au travail qui fabrique de l’argent. Il ne doit pas y avoir d’échappatoire au travail. Dans les pays qui ont un système d’assistance sociale, il est crucial de resserrer les règles pour s’assurer qu’elles ne fournissent pas des refuges à celles et à ceux qui voudraient faire autre chose de leur vie. Il en va de même pour les universités. Elles ne doivent pas permettre de devenir des endroits où on peut se détendre ou (pire) penser : il est essentiel de resserrer le système éducatif, d’accélérer le processus d’apprentissage et surtout de mesurer sans arrêt la productivité à la fois des enseignants et dés étudiants, de telle sorte que leurs activités soient confinées dans le travail abstrait.