La liberté de la conversation se perd. Alors qu’autrefois il allait de soi de s’intéresser à son interlocuteur, de nos jours, la question du prix de ses chaussures ou de son parapluie a pris le dessus. Le coût de la vie, l’argent, sont des thèmes qui s’immiscent inévitablement dans toute conversation familière. Mais il ne s’agit pas tant des soucis et des souffrances des individus, face auxquels ils pourraient peut-être s’entraider, que de l’évocation de la situation en général. C’est comme si, prisonniers dans un théâtre, on était obligé de suivre la pièce qui se joue sur scène, qu’on le veuille ou non, et, qu’on le veuille ou non, on était contraint d’en faire sans cesse l’objet de nos pensées et de nos paroles.
Walter Benjamin
Sens unique
1928
Traduction et adaptation : Hélène Colette Fontaine
Edition : images pensées
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Panorama impérial, texte et contexte
METATEXTE
TEXTE ORIGINAL
Kaiserpanorama VII
VII. Die Freiheit des Gespräches geht verloren. Wenn früher unter Menschen im Gespräch Eingehen auf den Partner sich von selbst verstand, wird es nun durch die Frage nach dem Preise seiner Schuhe oder seines Regenschirmes ersetzt. Unabwendbar drängt sich in jede gesellige Unterhaltung das Thema der Lebensverhältnisse, des Geldes. Dabei geht es nicht sowohl um Sorgen und Leiden der einzelnen, in welchen sie vielleicht einander zu helfen vermöchten, als um die Betrachtung des Ganzen. Es ist, als sei man in einem Theater gefangen und müsse dem Stück auf der Bühne folgen, ob man wolle oder nicht, müsse es immer wieder, ob man wolle oder nicht, zum Gegenstand des Denkens und Sprechens machen.
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