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Walter Benjamin
Articles
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MATIN D’HIVER
16 mars 2015
Chacun d’entre nous a cette fée qui accorde un vœu. Mais rares sont ceux qui savent se souvenir du souhait qu’ils formulèrent ; aussi, rares sont ceux qui reconnaissent plus tard dans leur propre vie leur vœu exaucé. Je sais celui qui pour moi se réalisa et je ne veux pas dire qu’il ait été plus malin que celui des enfants des contes de fées. Il se forma en moi lorsque, les petits matins d’hiver, à six heures et demi, la lampe s’approchait de mon lit et projetait sur la couverture l’ombre de la bonne. (…) Ce souhait : pouvoir dormir mon saoul. Je l’ai formulé mille fois et plus tard, il fut exaucé réellement. Pourtant il fallut longtemps avant que je le reconnaisse exaucé, dans la vanité de tous mes espoirs d’avoir une situation et le pain assuré.
Walter Benjamin Enfance berlinoise, 1933
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VI. A L’INSTANT DU DANGER
9 septembre 2021
À chaque époque, il faut chercher à arracher de nouveau la tradition au conformisme qui est sur le point de la subjuguer.
Walter Benjamin, Thèses sur le concept d’histoire
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REVIENS ! TOUT EST PARDONNÉ
13 avril 2016
Comme quelqu’un qui fait le grand soleil à la barre fixe, on fait soi-même, quand on est adolescent, la roue de la Fortune, d’où tombe ensuite tôt ou tard le gros lot. Car cela seul que nous savions ou pratiquions déjà à quinze ans fait un jour toute notre attrativa. Et il y a pour cette raison quelque chose qu’on ne peut jamais rattraper : c’est d’avoir négligé de s’être enfui de chez ses parents. Cette exposition de quarante-huit heures pendant ces années-là permet au cristal du bonheur (...)
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XV. TIRER SUR LES CADRANS POUR ARRÊTER LE JOUR
9 septembre 2016
« Qui le croirait. On dit qu’irrités contre l’heure
De nouveaux Josués, au pied de chaque tour,
Tiraient sur les cadrans pour arrêter le jour. »
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LE CONSEILLER DE L’ENFANCE
2 mai 2017
Le conte, qui aujourd’hui encore, reste le premier conseiller de l’enfance, parce qu’il fut jadis le premier conseiller de l’humanité, se perpétue secrètement dans l’art du récit. Le premier véritable récit est et demeure le conte. Quand on ne savait plus vers qui se tourner, le conte portait conseil, et quand la détresse était à son comble, il offrait le secours le plus prompt. Cette détresse était celle du mythe. Le conte nous renseigne sur les premières mesures prises par l’humanité pour dissiper le cauchemar que le mythe faisait peser sur elle.
Walter Benjamin, Le conteur. Lire la suite
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MATERIEL PEDAGOGIQUE
2 juin 2015
Le jour où la mise en forme typographique fera partie de la conception des ouvrages d’un écrivain que la machine à écrire rendra la main de l’auteur étrangère au porte-plume.
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A L’HEURE DE LA MORT
15 avril 2020
Au XIXe siècle, la société bourgeoise, avec ses institutions hygiéniques et sociales, privées et publiques, a produit un effet secondaire qui était peut-être inconsciemment son but principal : permettre aux hommes de ne plus assister à la mort de leurs semblables. La mort, qui jadis représentait dans la vie de l’individu un acte public d’une valeur hautement exemplaire est de plus en plus soustraite à l’attention des vivants.
Walter Benjamin, Le conteur
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LOGGIA
17 février 2015
Le vrai amant est content quand lors d’une dispute l’être aimé est dans son tort.
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XVII. LE TEMPS HISTORIQUE
10 septembre 2016
L’acte de penser ne se fonde pas seulement sur le mouvement des pensées mais aussi sur leur blocage.
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DE L’ALLEMAGNE DES ANNÉES 1920 À L’EUROPE DU XXIe SIÈCLE
8 juillet 2015
Personne n’a jamais le droit de conclure une paix séparée avec la pauvreté quand elle s’abat telle une ombre gigantesque sur son peuple et sa maison. Il faut garder ses sens en éveil pour chaque humiliation qui leur est imposée et les discipliner jusqu’à ce que les souffrances cessent de creuser la voie en pente du chagrin pour ouvrir le chemin montant de la révolte.
Walter Benjamin, Panorama impérial, Voyage à travers l’inflation allemande, 1923-1929.